Ah, À nous la victoire (Victory en VO), ce joyau improbable de 1981 où Sylvester Stallone, Pelé et Michael Caine partagent l’affiche dans un film de guerre et de football. Un cocktail aussi inattendu que commander une raclette en plein mois d’août... et pourtant, c’est délicieux.
John Huston, légende du cinéma, décide ici de raconter une histoire inspirée de faits réels : pendant la Seconde Guerre mondiale, des prisonniers alliés organisent un match de football contre une équipe allemande dans un but un peu plus noble que juste marquer des lucarnes – il s'agit de fomenter une évasion spectaculaire. Bref, FIFA rencontre La Grande Évasion, avec beaucoup de sueur et quelques coiffures douteuses.
On est en pleine guerre, et dans un camp de prisonniers, le colonel Von Steiner (Max von Sydow, toujours impeccable, même quand il doit parler foot) propose un match d'exhibition entre des officiers allemands et les prisonniers alliés. Sauf que ce qui devait être une simple propagande nazie va se transformer en plan d’évasion XXL.
Pour monter l'équipe, on recrute une brochette de champions… ou presque : Pelé, Bobby Moore, et plein d'autres vraies légendes du foot sont là pour assurer sur le terrain. Et puis, il y a Stallone... qui joue Hatch, un soldat américain dont le principal talent semble être de tomber sur des plans foireux avec un regard intense.
L'une des grandes joies du film, c'est de voir Sylvester Stallone – plus connu pour écraser des adversaires à coups de poings dans Rocky – essayer de comprendre comment on arrête un penalty. Spoiler : ça implique beaucoup de roulades acrobatiques et pas mal de chance cosmique.
Face à lui, Pelé enchaîne les gestes techniques avec une aisance déconcertante. Sa "bicyclette" dans le film est presque un personnage à part entière tant elle est mise en valeur par Huston, qui filme chaque mouvement comme s’il s’agissait de la scène d’action d'un grand blockbuster.
Michael Caine, en bon gentleman britannique, joue le capitaine de l'équipe avec ce mélange d'élégance désabusée et de charisme naturel qui donne envie de le suivre sur n'importe quel terrain, même s’il porte des crampons des années 40.
Soyons honnêtes : À nous la victoire est totalement fou. Un casting improbable, un mélange de genres casse-cou, et pourtant, ça fonctionne. Pourquoi ? Parce que le film est sincère. Il ne se moque jamais de son propre concept. Huston filme avec sérieux ce qui aurait pu virer à la parodie, et cette honnêteté donne au film une chaleur rare.
La camaraderie entre les personnages est palpable. L’adrénaline du match est réelle. Et même si vous n’aimez pas le football, difficile de ne pas vibrer pendant cette grande séquence finale où les cages tremblent, les tribunes s'enflamment, et où Stallone, l’air concentré comme jamais, se jette sur les ballons comme si sa vie (et son ego) en dépendaient.
À nous la victoire n'est pas un chef-d’œuvre de subtilité, mais c’est un film doudou, de ceux qu'on revoit avec le sourire aux lèvres, surtout quand le monde réel semble avoir besoin d’un bon vieux retourné acrobatique signé Pelé.