Si vous pensiez que Sherlock Holmes était le détective le plus brillant de la famille Holmes, détrompez-vous ! Netflix a décidé que non, et qui sommes-nous pour contester la toute-puissance de l’algorithme ? Voici donc Enola Holmes, un film où la petite sœur du célèbre détective nous prouve que l'intelligence, le charisme et le féminisme du XIXe siècle peuvent cohabiter dans un même corset. Alors, chef-d'œuvre ou énième tentative d’Hollywood de nous vendre une héroïne girlboss ? Accrochez vos montres à gousset, on plonge dans l’univers d’Enola !
L’histoire est simple : Enola Holmes, jeune sœur du grand Sherlock, découvre que sa mère a disparu. Plutôt que d’appeler Scotland Yard (ce serait trop facile), elle décide de mener l’enquête elle-même, tout en échappant à ses deux frères, Mycroft et Sherlock, qui voudraient bien la caser dans une pension pour jeunes filles bien élevées. Ajoutez à cela un jeune lord en détresse, un complot politique, et des regards caméra façon Fleabag, et vous avez la recette du film.
L’intrigue fonctionne globalement, mais avouons-le : ce n’est pas exactement un casse-tête holmésien. Si vous vous attendiez à un film d’enquête pure et dure, vous risquez de vous retrouver aussi déçus que Mycroft devant une femme qui lit autre chose que des manuels de maintien en société.
Le film repose en grande partie sur le charisme de Millie Bobby Brown (Stranger Things), qui incarne une Enola dynamique, pétillante et parfois un brin agaçante (mais c’est sans doute voulu). Elle brise le quatrième mur avec un naturel déconcertant, comme si elle nous invitait à son petit jeu d’enquête.
Henry Cavill joue un Sherlock Holmes inhabituellement bienveillant et musclé. Un choix discutable, car on a plus l’impression qu’il pourrait soulever un fiacre à mains nues plutôt que résoudre une énigme. Mycroft, lui, est transformé en méchant sexiste de service (car pourquoi faire dans la nuance ?).
Mention spéciale à Helena Bonham Carter en mère anarchiste et mystérieuse. Elle apparaît peu à l’écran mais donne au film une touche de chaos bien nécessaire.
Le film revendique haut et fort son message féministe, parfois avec subtilité, parfois avec la délicatesse d’un coup de pied dans la porte. Enola défie les conventions, refuse d’être enfermée dans un carcan de jeune fille modèle et sauve le jeune lord en détresse, inversant ainsi les rôles traditionnels. L’intention est louable, mais le message est parfois tellement martelé qu’on se demande si le film a peur qu’on ne le comprenne pas.
On apprécie néanmoins le fait qu’Enola ne soit pas une héroïne parfaite. Elle est maligne, certes, mais elle se trompe aussi, apprend et évolue au fil de son aventure. Un peu plus de subtilité dans l’opposition binaire « femmes = intelligentes et progressistes, hommes = idiots et réfractaires » n’aurait cependant pas fait de mal.
Enola Holmes est un divertissement sympathique, porté par une actrice talentueuse et une mise en scène dynamique. Mais ne vous attendez pas à un film d’enquête complexe : ici, les mystères sont résolus aussi facilement qu’un Sudoku niveau débutant.
Si vous aimez les films d’époque revisités façon TikTok, avec des héroïnes pleines d’énergie et des costumes impeccables, foncez. Si vous espériez un vrai film policier dans la lignée de Sherlock Holmes… eh bien, il va falloir chercher ailleurs, et sans l’aide d’Enola.