Si vous avez manqué Hellboy version 2019, laissez-moi vous dire que c'est un peu comme s'inviter à un mariage gothique : vous n’êtes pas certain de comprendre tout ce qui se passe, mais vous admirez l’effort dans le choix des couleurs. Dans cette version revisitée, Neil Marshall tente de donner un second souffle à notre démon préféré, Hellboy, incarné ici par David Harbour, qui fait de son mieux pour s’imposer comme le chouchou des enfers. Est-ce que ça fonctionne ? Eh bien, ça dépend si vous aimez voir des monstres exploser en morceaux ou si vous préférez un peu de subtilité.
Hellboy, c'est un peu comme le gros nounours du coin, sauf que lui, ses jouets sont des armes de destruction massive et que ses peluches, ce sont des têtes de monstres accrochées au mur. Notre héros, né pour détruire le monde, est ici un paradoxe vivant : un démon avec des états d’âme. Cette version de 2019 renforce son côté « mec cool » – il aime se battre, il se moque des règles, et surtout, il se demande parfois pourquoi sa vie ressemble plus à un épisode de cauchemar qu’à une comédie romantique.
David Harbour réussit à donner un côté bourru et attachant à ce colosse rouge. On sent bien qu'il essaie de faire passer des moments de vulnérabilité entre deux massacres de créatures surnaturelles. C’est un personnage aussi puissant qu’impotent socialement, et c’est probablement ça qui le rend unique. Les gens normaux lui causent presque autant de stress que les monstres qui surgissent dans sa vie tous les deux jours.
La grande mission d'Hellboy dans ce film ? Sauver le monde, évidemment. Mais l’histoire se complique lorsqu'il doit affronter Nimue, la Reine de Sang. Pour faire simple, Nimue n’est pas venue pour distribuer des muffins. Elle est plutôt du genre à préférer l’anéantissement massif, et Hellboy doit décider s’il se range du côté de l’humanité ou si, pour une fois, il accepte son destin de destructeur.
L’intrigue plonge Hellboy dans un univers surnaturel où se côtoient vampires, géants, fées et autres créatures d’un bestiaire fantastique. Et c’est là que le film flirte avec le chaos : chaque monstre semble avoir son propre agenda, et Hellboy, avec son pragmatisme légendaire, essaie de comprendre ce qu’on attend vraiment de lui. À force de courir après tous ces mythes, l’intrigue semble vouloir atteindre le summum du surnaturel sans pour autant nous donner le fil conducteur pour suivre. Et c'est précisément ce qui donne ce petit goût de labyrinthe dans lequel on erre avec un mélange d’émerveillement et de confusion.
Là où Hellboy ne fait pas dans la demi-mesure, c'est dans ses effets visuels. On a droit à une overdose d’images de monstres démesurés, de démons affamés, et de décors gothiques tout droit sortis d'un cauchemar épique. Et même si ça en jette, avouons-le, c’est un peu comme si le réalisateur avait décidé de se lancer dans une course aux effets spéciaux. Vous voulez de la viande en lambeaux ? Vous en avez. Du sang qui gicle ? On vous en livre un camion entier. On frôle parfois l'indigestion visuelle, mais, hey, si vous aimez les décors infernaux et les bestioles féroces, ce film est votre buffet à volonté.
Le film tente d’enchaîner les scènes d’action avec une telle frénésie qu’on pourrait penser que Hellboy est en train de courir un marathon contre l’Apocalypse. Les combats s’enchaînent rapidement, avec un niveau d’intensité et de violence qui monte en flèche. Et pourtant, malgré le spectacle, certains moments semblent superflus, voire même décousus, comme si le réalisateur avait pris une série de scènes d’action spectaculaires et les avait collées ensemble sans trop se soucier de la fluidité.
Mais soyons honnêtes, c’est justement cette allure frénétique qui donne à Hellboy une énergie unique. Ce n’est pas un film qui s’attarde sur des moments de contemplation – ici, on vous plonge directement dans l’action, sans mode d’emploi, et c’est peut-être ce qu’on aime. Entre deux explosions de monstres, on se demande juste où on sera emportés la prochaine fois, et c'est quelque chose qui maintient une bonne dose de suspense.
Dans cette épopée infernale, Hellboy est épaulé par une équipe pour le moins hétéroclite : Alice, une médium avec une attitude badass, et Ben Daimio, un militaire aux pouvoirs de transformation. Si l’alchimie entre eux est palpable, disons que ce n’est pas forcément la plus saine des dynamiques. Entre les échanges de sarcasmes et la méfiance latente, leur relation ressemble plus à celle de collègues forcés de cohabiter dans un espace restreint qu’à un groupe soudé d’amis prêts à sauver le monde ensemble.
Pour autant, c’est cette dynamique étrange qui apporte un peu de comédie noire au film. On s’attache vite à ce trio un peu dysfonctionnel, et même si leurs interactions n’ont rien de conventionnel, elles donnent au film une saveur unique. Hellboy et ses acolytes ne sont pas parfaits, mais ils ont leur charme, et c’est ce qui les rend d’autant plus mémorables.
Le plus gros défaut du film réside dans son scénario. Malgré une base prometteuse, l’intrigue semble parfois hésitante. Entre les flashbacks, les mythes, les créatures à foison, et l’évolution de Hellboy, l’ensemble manque un peu de structure. On se perd parfois dans les sous-intrigues, les personnages secondaires, et les rebondissements, à tel point qu'on a presque envie de dire à Hellboy de prendre un GPS pour suivre le fil de son propre film.
Cependant, pour les amateurs de combats spectaculaires et d’univers gothiques, ces petites faiblesses de scénario seront vite pardonnées. Parce qu'au fond, ce que l'on recherche dans un film comme Hellboy, ce n'est pas nécessairement une histoire ultra-linéaire, mais bien un moment de pur spectacle.
En résumé, Hellboy version 2019 est une expérience à part entière, faite de monstres, de combats et d'une touche d’humour sombre. Il n’a peut-être pas la subtilité d’un grand film dramatique, mais il compense largement avec ses scènes d’action démesurées et son univers visuel incroyable. Si vous cherchez un film qui allie violence exagérée et démon charismatique, Hellboy est là pour vous, prêt à vous embarquer dans une aventure apocalyptique sans détour.
Mais il souffre du passé cinématographique du démon. Qu'il soit bon ou mauvais, il arrive trop tard, car deux opus en 2004 et 2008 sont passés par là. Et il arrive un poil trop tôt pour un reboot. La performance de Ron Perlman est encore bien ancré. Il n'apporte rien de plus ou presque et invariablement la plupart des spectateurs font la comparaison.
Les + : visuels impressionnants, Hellboy charismatique, humour noir
Les - : scénario décousu, excès d’effets spéciaux