Sorti en 2001, Le Baiser Mortel du Dragon nous offre un concentré d’action débridée, de vengeance bien menée et de kung-fu à couper le souffle. Jet Li, dans le rôle principal de Liu Jian, est ici bien plus qu’un simple agent des services secrets chinois ; il devient un symbole de justice brutale. S’il y a bien un film qui prouve que les mots « baiser » et « dragon » n’ont rien de romantique, c’est celui-là.
Au cœur du film, on découvre Liu Jian, un homme d’une sérénité effrayante. Déjà, avant d’arriver en France, Liu semblait être un expert du « ne me cherchez pas d’ennuis ». Jet Li, fidèle à lui-même, nous propose ici un jeu d’acteur minimaliste mais tellement efficace que chaque regard lancé pourrait servir de bande-annonce à une scène de combat. Cet agent des services secrets arrive à Paris pour un job, et, comme souvent, rien ne se passe comme prévu. Ce qui devait être une simple mission se transforme rapidement en guerre ouverte avec la police locale, corrompue et vicieuse.
Richard, joué par Tchéky Karyo, est le type de policier qui ne figure pas dans les brochures touristiques. Il est à Paris ce que la guillotine était à la Révolution : impitoyable, violent et sans pitié. Richard est l’anti-héros parfait, avec sa vision personnelle de la justice et son goût pour la trahison. Entre ses manipulations et ses tentatives d’assassinat, on pourrait presque croire qu’il travaille pour un syndicat du crime, si ce n'était pour son badge. Sa relation avec Liu est aussi tendue qu’un spaghetti sec, sauf qu’ici, les échanges se font à coups de pieds, de poings et de coups de feu.
Dans un décor parisien sombre, on fait la connaissance de Jessica, une prostituée involontairement impliquée dans les affaires de Richard. Interprétée par Bridget Fonda, elle est sans doute le personnage le plus humain de l’histoire – ou du moins, celui qui essaie de garder un minimum de dignité. Jessica n’est pas seulement là pour donner une touche de sensibilité au film ; elle est le contrepoint de la violence de Liu et Richard, rappelant que le cœur n’est pas seulement un muscle à protéger dans un combat.
Elle joue aussi un rôle de catalyseur dans l’intrigue, car sans elle, Liu n’aurait probablement jamais découvert l’étendue des méfaits de Richard. Leur duo fonctionne à merveille, surtout dans un univers aussi cynique où même la Tour Eiffel semble vouloir se cacher sous une couverture.
Ce qui fait la grandeur de Le Baiser Mortel du Dragon, ce sont bien sûr ses scènes de combat. Si le terme « chorégraphie de combat » pouvait être breveté, le film en aurait une version dévastatrice. Ici, Jet Li ne se contente pas de mettre à terre ses ennemis ; il leur apprend la gravité en leur montrant de près le plancher. Les coups sont violents, précis, et tout ce que touche Liu finit en miettes. Les scènes sont filmées de manière à ce qu’on sente chaque impact, chaque fracture, et chaque moment de suspense.
La réalisation de Chris Nahon joue parfaitement sur l’angoisse et l’intensité, tout en mettant en avant l’environnement urbain de Paris. Chaque recoin de la ville devient un terrain de jeu mortel pour Liu, et chaque ruelle sombre se transforme en piège mortel. Le réalisateur a compris que l’action ne réside pas seulement dans les coups, mais dans l’attente qui précède l’affrontement.
Le Baiser Mortel du Dragon n’est pas sans une touche d’humour. Que ce soit par les répliques sèches de Liu ou les tentatives désespérées de Richard pour garder le contrôle, le film ne manque pas de petites piques sarcastiques. À chaque combat, on se demande si Liu va enfin lâcher une blague... et puis non. L’humour réside plutôt dans le décalage entre la détermination implacable de Liu et la situation dans laquelle il se trouve. On est constamment dans une sorte de suspense ironique où chaque minute semble être une provocation à l’humour – sombre, bien sûr.
Le Baiser Mortel du Dragon n’est pas un film aux nombreux rebondissements d’intrigue. Son scénario, somme toute simple, semble n’être qu’un prétexte pour déchaîner Liu contre une horde d’ennemis. Si l’intrigue manque parfois de profondeur, elle est compensée par l’intensité de chaque moment. Pour ceux qui cherchent un film à scénario complexe, ce film risque de sembler quelque peu linéaire. En revanche, si vous aimez l’action, ce détail n’aura guère d’importance.
Le Baiser Mortel du Dragon n’est pas un film qui cherche à séduire par sa profondeur. C’est une plongée dans un monde de violence, de vengeance, et de fatalisme à la sauce parisienne. Jet Li y brille par son intensité et sa capacité à maîtriser la violence à un niveau qui semble presque surnaturel. Le film est un rappel que, même dans une ville aussi romantique que Paris, il vaut mieux éviter les types discrets et impassibles qui arrivent avec un accent étranger.
Le film est un cocktail explosif d’arts martiaux, de suspense, arrosé d'une pointe d’humour. Il ne cherche pas à vous faire réfléchir mais plutôt à vous immerger dans un univers brutal où l’action règne en maître. Si vous aimez les combats intenses, et les antihéros déterminés, alors ce film mérite bien son étoile de plus.
Les + : combats spectaculaires, atmosphère sombre, rythme intense, bande-son atypique
Les - : scénario peu complexe, quelques clichés du film d’action