Ah, Poltergeist 3… La saga horrifique emblématique des années 80 a décidé d'emménager dans une tour d’appartements modernes et vertigineux. Fini les banlieues pavillonnaires ! Ici, c'est ascenseurs, murs de verre, et néons partout. On suit à nouveau la petite Carol Anne, traquée par le vengeur spectral Kane qui, apparemment, a suivi son petit monde jusqu’au dernier étage. Ce film se distingue non seulement par son changement de décor, mais aussi par ses choix artistiques… disons, audacieux. Avec des effets spéciaux pratiques plutôt que numériques, un casting d'outre-tombe, et des scènes qui s’étirent dans les couloirs étroits de ce gratte-ciel, le film semble essayer très fort de se distinguer – parfois au point de se perdre dans ses propres reflets.
L’histoire est simple : Carol Anne est envoyée vivre avec sa tante et son oncle dans un immeuble chic de Chicago. Mais visiblement, même les gratte-ciels ne suffisent pas à décourager l’infatigable esprit maléfique de Kane. Très vite, des phénomènes étranges surviennent, et ce ne sont pas les voisins bruyants, mais bien des apparitions spectrales qui prennent plaisir à semer la terreur. On comprend que le choix d’un immeuble offre une nouvelle manière de montrer l’horreur… mais qui savait que l’ascenseur serait le lieu de toutes les frayeurs ?
Changer de décor était une idée ambitieuse, mais le résultat est inégal. Le gratte-ciel est ultra-moderne et clinique, presque aussi angoissant que les esprits eux-mêmes. Pourtant, les scènes de peur se trouvent limitées par cet environnement froid et rigide. Les couloirs étroits et les miroirs omniprésents donnent un effet labyrinthique intéressant, mais pas de quoi frissonner à chaque recoin. À croire que même les fantômes se retrouvent un peu décontenancés par tant de métal et de béton.
Heather O'Rourke est toujours touchante dans le rôle de Carol Anne, mais on ressent un peu la fatigue dans les performances des acteurs. Tom Skerritt et Nancy Allen, qui jouent son oncle et sa tante, semblent souvent plus désorientés que terrifiés, comme si eux aussi avaient du mal à comprendre comment tout ce beau monde s’était retrouvé là. À certains moments, leur jeu semble aussi rigide que le décor de l’immeuble.
Ici, pas d’effets numériques : Poltergeist 3 mise tout sur des effets pratiques. Et si cela donne un côté authentique, cela montre aussi des limites évidentes. Les scènes de miroir, où l’on voit des personnages en double, sont plutôt bien pensées mais finissent par devenir répétitives et lassantes. Après un moment, on commence même à espérer que Kane trouve un autre passe-temps que d’apparaître dans les reflets. Un peu d’inventivité n’aurait pas été de trop.
Le problème ici, c’est que le scénario semble aussi labyrinthique que l’immeuble lui-même. L’esprit de Kane, figure pourtant menaçante dans les deux premiers volets et pourtant définitivement mort dans le second, perd un peu de son impact ici. Ses motivations sont floues, et ses apparitions sont un peu trop attendues. Il traque Carol Anne à travers le bâtiment, mais on a parfois l’impression qu’il est aussi perdu qu’elle. Le scénario semble hésiter entre une ambiance horrifique claustrophobique et un suspense plus orienté vers l’action, sans vraiment parvenir à exceller dans l’un ou l’autre. On s'attend parfois à un scénario catastrophe à la manière de La tour infernale.
On sent que Poltergeist 3 veut impressionner avec ses jeux de miroirs et ses effets pratiques, mais tout cela finit par virer au surmenage visuel. Le spectateur est bombardé de réflexions, d’apparitions et de portes qui se referment brusquement. C’est sympathique au début, mais au bout de la dixième scène de couloir sombre et d’ascenseur menaçant, l’effet s’estompe. Parfois, la simplicité a du bon, et Poltergeist 3 aurait gagné à l’appliquer.
Poltergeist 3 est un film intéressant, surtout pour ceux qui apprécient les années 80 et les expériences cinématographiques originales. Mais pour ceux qui cherchent une suite à la hauteur du premier volet, c’est une toute autre histoire. L’horreur est présente, certes, mais elle est trop diluée dans un décor qui finit par détourner l’attention du spectateur. Ce film est un peu comme une tour de Jenga : au début, c’est amusant, mais à force de rajouter des éléments, on frôle la catastrophe.
Les + : originalité du décor, effets pratiques, Heather O'Rourke.
Les - : rythme irrégulier, intrigue tirée par les cheveux, tension peu efficace, raccourci scénaristique.
Figurine en vinyle de 9 cm